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Mali : la ville de Boni toujours sous blocus de djihadistes

Mahamadou Kane
14 mars 2024

Lassés par le silence autour de leur situation, les habitants de Boni se mobilisent pour que l’Etat leur vienne en aide. Les vivres commencent à manquer sur place.

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La ville de Gao
La ville de Boni est située sur une route qui relie Mopti à Gao (en image)Image : picture alliance/AP Images

Lors du premier embargo imposé sur la ville, entre mai et août 2022, le groupe Serma, qui a prêté allégeance au JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, filiale du groupe Al-Qaïda, reprochait aux populations de Boni leur supposé soutien à l’armée malienne.

D’après des sources locales et sécuritaires, ce seraient les mêmes motifs qui motiveraient ce deuxième embargo qui dure depuis juillet 2023.

La ville de 29.000 habitants est située sur la stratégique route nationale 16, qui relie les villes de Mopti à Gao au Mali.

Difficile ravitaillement des populations

La ville n’est plus ravitaillée, comme l’explique Nouhoun Cissé de la coordination locale des jeunes de Boni.

"Depuis huit mois, rien ne rentre, rien ne sort. Les commerçants n’osent plus amener leurs camions à destination de Boni. Ils avaient même fermé l’axe de Gao. A un moment donné, ils (les groupes djihadistes) ont décidé de lever ce blocus, mais à condition que tout camion qui venait de Douentza, Hombori ou Gao n’arrive pas à Boni. C’est cette règle que tout le monde a suivie. Cela a par la suite entrainé une crise alimentaire au niveau de la ville", raconte Nouhoun Cissé sur la DW.

Ecoutez le sujet de Mahamadou Kane, le correspondant à Bamako

"Nous sommes donc sous embargo depuis huit mois, malgré la présence des forces de défense et de sécurité. C’est un message d’alerte que je lance à toutes les bonnes volontés qui veulent nous aider."

Mais selon Alexis Kalembry, journaliste et directeur de publication de Mali Tribunes, la présence de plusieurs groupes armés dans le centre du Mali augure mal d’une levée prochaine du blocus de Boni. 

"Ce qui complique davantage la situation du centre et de Boni, c’est la multiplication des intervenants qui ne parlent souvent peut-être pas le même langage, indique Alexis Kalembry. Dan Na Ambassagou (un groupe d’autodéfense de chasseurs dogons, ndlr) semble connaître des dissensions internes et c’est quelque chose qui joue énormément sur la lutte contre le terrorisme. Mais en tout état de cause, c’est une souffrance de la population et c’est récurrent."

Nous avons contacté Fousseyni Ouattara de la Commission défense du Conseil national de la transition pour évoquer la situation à Boni, mais celui-ci n’a pas souhaité s’exprimer sur la question.